AsiFood a pour but de moderniser la formation dans un contexte d’intégration des pays d’Asie du Sud-Est via la création de nouveaux programmes de masters en sécurité alimentaire et qualité des aliments. Les raisons suivantes ont conduit à la mise en place de ce projet :

La fréquence des épidémies liées à l’alimentation, en particulier à la sécurité alimentaire, affecte la santé des consommateurs, leur qualité de vie ainsi que les économies nationales, en particulier dans les pays en voie de développement. Certains cas ont récemment attiré l’attention sur l’Asie (mélamine dans les produits laitiers, virus Ebola-Reston chez les porcs, salmonelle dans les aliments fermentés et chloropropane dans la sauce soja) et des maladies diarrhéiques sont encore très présentes. Les sources de ces problèmes sont tout le long de la chaîne d’approvisionnement, de la culture des aliments à leur transformation et leur vente. De plus, la demande alimentaire en Asie a connu une croissance rapide et l’on s’attend à ce qu’elle augmente encore jusqu’à atteindre 77% d’ici 2050. La transformation rapide due au passage d’une agriculture extensive à l’une agriculture intensive a conduit à une application incontrôlée d’engrais chimiques et de pesticides. Plus la croissance a été importante, moins la situation a été sous contrôle. Au Cambodge par exemple, environ 90% des engrais chimiques et pesticides sont importés illégalement et les résidus de pesticides dans une grande partie des légumes sont au-dessus des limites acceptables. Dans le cadre de son programme d’intégration, la communauté des pays d’Asie du Sud-Est a inclus la sécurité alimentaire parmi ses 12 priorités. La sécurité alimentaire est soutenue au Vietnam où une stratégie de sécurité alimentaire a été approuvée pour la période 2011-2020 avec pour objectif d’élargir la sensibilisation du public. Par conséquent, plusieurs projets sont en cours pour améliorer la sécurité alimentaire institutionnelle, la politique environnementale ainsi que les pratiques et compétences. Au-dessus de cette structure, la loi sur la sécurité alimentaire est complétée par les actions suivantes : la formation en production et en vente, le développement analytique et des ressources humaines, le contrôle, etc. Bien que cette tendance soit constatée dans tous les pays, le niveau de régulation et de contrôle reste hétérogène dans les pays d’Asie du Sud-Est, où des entreprises vendent aux pays limitrophes des pesticides importés interdits qui ne peuvent être vendus dans leur propre pays. L’impact économique est la force motrice de l’action gouvernementale. Démontrant la relation entre la croissance économique, la facilitation du commerce et la sécurité alimentaire, un sondage initié par le gouvernement a recommandé la création d’une agence de sécurité alimentaire au Cambodge. Eurocham émet la même recommandation pour le Vietnam. Dans toute la région, le marché de l’export enregistre des pertes dues à des aliments et produits peu sûrs et à un système inadéquat de gestion de la qualité. Les entreprises dans l’industrie (agro)alimentaire, en particulier les petites et moyennes entreprises, ont du mal à s’adapter aux exigences de sécurité alimentaire et de gestion de la qualité en vue d’exporter. Le marché intérieur quant à lui est caractérisé par une faible sécurité des produits conduisant à des problèmes de santé publique. De plus, la proportion de la population vivant de l’agriculture est élevée : plus de 49% au Vietnam. Et malgré le développement de ce secteur, les revenus restent bas et incertains en raison d’une production qui ne garantit ni la quantité ni la qualité des produits. Comme vu ci-dessus, la plupart de ces problèmes est due à un manque à la fois qualitatif et quantitatif dans la gestion de la sécurité alimentaire. Les principaux problèmes rencontrés sont les suivants : la capacité d’expertise du personnel varie, la plupart des membres du personnel ne travaille pas selon ce qui est conforme à la formation spécialisée de chaque discipline, et les ressources humaines n’ont pas été formées de façon professionnelle. Par exemple, chaque individu comprend uniquement sa propre responsabilité sans avoir un aperçu de l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire. De plus, les forces chargées de l’inspection sont faibles et inadéquates. L’objectif est d’avoir un inspecteur en sécurité alimentaire pour 10 000 personnes au Vietnam. En général, la formation, qu’elle soit professionnelle ou de niveau universitaire, n’est pas adaptée aux besoins de ceux qui en bénéficient. Cette lacune au niveau des ressources humaines est liée à un manque de formation, y compris dans les établissements d’enseignement supérieur. Le programme de DG Sanco intitulé BTSF (Better Training for Safer Food, une meilleure formation pour une alimentaire plus sûre) était particulièrement intéressant et a donné de bons résultats. Toutefois, ce programme visait essentiellement les entreprises dans l’(agro)alimentaire avec peu d’actions en faveur de l’enseignement supérieur. Au Cambodge, un récent sondage du ministère de l’enseignement supérieur a dévoilé un énorme manque de ressources humaines dans le domaine de l’ingénierie, en particulier dans la transformation alimentaire et la sécurité alimentaire. Au Vietnam, la carence se situe au niveau de la formation spécialisée des masters. Le premier master dans le domaine sera un master en technologie des aliments à l’université VNUA, avec un accent mis sur la qualité des aliments et sur la gestion de la qualité. La sécurité alimentaire est donc un problème intrinsèque dans les pays d’Asie du Sud-Est que notre programme tente de résoudre de façon globale en formant les populations, des étudiants aux professionnels des entreprises privées et des agences publiques. Ce programme met particulièrement l’accent sur les problèmes qui n’ont pas été considérés jusqu’à présent, tels que la nécessité de gérer la sécurité alimentaire dans une stratégie mondiale de la chaîne d’approvisionnement, conformément aux objectifs 2015 des pays d’Asie du Sud-Est, afin d’intégrer de façon homogène la sécurité alimentaire dans toute la région avec des normes internationales et des formations de managers internationaux. Pour ce faire, les programmes académiques seront soutenus et le renforcement des capacités sera diffusé dans les universités, les entreprises (surtout les PME), ainsi que les organisations et les agences des pays d’Asie du Sud-Est dans un réseau lié aux entreprises et agences européennes.